Des rires résonnaient dans les couloirs de la grande maison. La porte était ouverte et le soleil entrait dans le couloir. C'était rare, cette porte ouverte, depuis le début de la guerre mais aujourd'hui était une journée particulièrement calme. Les oiseaux chantaient et la mère prenait ça pour un signe favorable à la sortie de ses enfants dans le jardin de la maison de campagne où ils avaient élu domicile depuis le début des hostilités. Ses enfants étaient beaux et biens portant et elle s'en réjouissait. Avant la guerre, elle n'avait jamais vraiment prit le temps de les admirer ni d'être là pour eux et pour être honnête, elle était toujours un peu ailleurs même maintenant. Elle avait toujours des courriers à écrire, des choses à faire, elle n'avait jamais eu la fibre maternelle et avait toujours surveillé ses enfants de loin sans être très présente pour eux. Elle s'en voulait un peu mais ne pouvait rien y faire, c'était dans sa nature. C'était son mari qui avait voulu des enfants, il voulait perpétuer la lignée des Bitachoz et puis il avait toujours aimé les enfants, malheureusement il y avait d'abord eu cette promotion au travail qui l'avait éloigné de son foyer puis la guerre. Lui non plus n'avait jamais pu être présent pour ces deux enfants qui jouaient dans un jardin ensoleillé en temps de guerre. La mère s'appuya contre le chambranle de la porte en croisant les bras. Qu'ils étaient beaux ses enfants. Ari, l'aîné, avait de jolies boucles brunes qui lui tombaient dans les yeux, il refusait de les couper mais la mère était certaine que ce n'était qu'une passade, une petite crise de pré-adolescence. Quand à la cadette, Akita, elle était affublée d'un affreux chapeau orange fluo avec une grosse fleur rose en plein milieu, elle refusait elle aussi de se couper les cheveux, voulant toujours tout faire comme son grand frère, et les avaient donc pratiquement longs jusqu'aux fesses. Bien que peu présente dans leur vie, la mère avait bien remarqué que ces deux-là étaient inséparables et particulièrement complices et elle en était heureuse. C'était toujours bon d'avoir quelqu'un sur qui compter en toutes circonstance, elle-même aurait aimé avoir quelqu'un comme ça dans sa vie. Elle appela ses enfants pour manger et referma soigneusement la porte derrière eux.

Depuis sa plus tendre enfance, Akita a toujours été choyée, protégée, aimée, entourée, en grande partie par son frère, ses cousins également puis plus tard par ses amis. Ca a toujours été une espèce de petite princesse, de poupée autour de qui gravitaient tous ceux qui croisaient sa route. D'une extrême sociabilité, elle a très rapidement développé un sens inné de la manipulation. Douée au jeux de séduction, elle sait charmer son monde et les amener là où elle veut quand elle veut. Elle en est consciente et en use et en abuse pour chacun de ses caprices. Si sa petite enfance s'est passée sans accros dans la jolie ville d'Aleria, ses parents ont très vite fuit la capitale, emmenant leurs deux enfants dans leur sillage direction la maison de campagne. Il faut savoir avant toute chose que c'est Ari le centre de la vie d'Akita, c'est lui qui l'a pratiquement élevée, c'est lui qui a toujours été là pour elle, qui l'a chérie, protégée, rassurée, aimée tout simplement. Si elle devait abandonner ses parents, ça ne lui poserait aucun problème mais elle donnerait sa vie sans hésiter pour son frère. Il étaient partout ensemble, ne se quittaient jamais. Pour tout dire, c'était Akita qui suivait toujours son frère comme un véritable petit toutou. Elle était tout simplement fascinée par lui, elle voulait tout faire comme lui, elle l'admirait d'une force infinie. Quand à lui, il lui apprenait à penser par elle-même, à ne pas se laisser influencer, à être forte, indépendante, il a forgé son être et aujourd'hui, elle l'aime encore plus pour ça.

Je veux voir papa ! Répétait inlassablement la petite fille. Il est pas là. Lui répondait son frère à chaque fois. Elle n'arrivait pas à comprendre qu'elle ne pouvait pas le voir, la petite fille pensait qu'elle pouvait avoir ce qu'elle voulait. Elle n'avait qu'à pleurer pour ça. C'est ce qu'elle fit, elle pleura. Son frère vint immédiatement la prendre dans ses bras. De trois ans son aîné et bien qu'il n'ait que onze ans, il prenait soin de sa petite soeur bien mieux que n'importe qui d'autre. Il tenta de la consoler mais la petite ne voulait rien entendre et comme le grand frère détestait la voir pleurer, il céda. D'accord, on va voir papa, prends tes chaussures. Elle s'empressa de s'exécuter, prit au passage son horrible chapeau orange et rose et couru vers le portail avant que quiconque n'ait pu la voir. Parce que la petite était certaine qu'on ne la laisserait pas aller voir son père, sa mère avait déjà marqué son profond désaccord. Il n'y avait que son frère qui pouvait l'y emmener, qui l'aimait assez. Elle prit sa main et partit en direction du village.
Ils trouvèrent étonnement très facilement quelqu'un pour les emmener jusqu'à Aleria. Il faut dire que deux enfants seuls en pleine guerre qui disent vouloir rejoindre leur père, ça inquiète un peu. On les a déposé dans une rue, sans prendre plus soin d'eux et les enfants se sont retrouvés en plein coeur de la guerre. Aleria était le théâtre de nombreux bombardements et ce jour-là n'échappa pas à la règle. Des explosions résonnèrent très vite un peu partout, effrayant les deux jeunes enfants. Le grand frère prit les choses en main. Il attrapa sa soeur et couru vers la première maison qu'il trouva, ils se réfugièrent à la cave. Lorsque le garçon émit une petit lueur, le feu se créant de lui-même face à sa peur, il révéla trois adultes, très sales, qui visiblement se cachaient. La petite fille commença à crier et aussitôt, un des adultes qui était en fait un maître de l'air, envoya un coup de poing d'air vers la petite. Le frère la poussa, la petite tomba par terre et s'arrêta instantanément de crier, comprenant le danger et l'horreur de la situation. Son frère se prit le coup et alla s'écraser contre le mur de la cave. Arrêtez ! On ne vous a rien fait nous, on cherchait juste notre papa ! Les étrangers furent attendris par la petite.  

C'est ce jour-là que les deux enfants apprirent ce qu'il se passait dans le royaume de la bouche de la nation de l'air. Et c'est également ce jour-là que la petite Akita se prit d'une soudaine amitié pour la nation de l'air, amitié qui ne la quitterait plus. Elle voulait aider ces gens, ce peuple entier qui se soulevait contre l'oppression, pour la liberté. Liberté qu'elle chérissait déjà à l'époque car son frère en parlait souvent. Ils ne virent pas leur père ce jour là mais ils se firent des amis, et la nation de l'air se trouva des alliés de choix.
La guerre se finit subitement. Un beau jour, le royaume fut déclaré en paix, Akita avait alors treize ans. Les Bitachoz revinrent s'installer dans la capitale. Le père était revenu sain et sauf de la guerre et tout sembla aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pendant un moment. Ils avaient renforcé leur alliance avec la nation qui était leur, la nation du feu et notamment la famille Bernstein, qui étaient restés à la tête du royaume, comme beaucoup s'y attendaient. C'est à peu près à ce moment là qu'Ari se mit en couple pour la première fois avec une fille.

La jeune fille regardait à travers la porte. Si la garce touchait son frère, elle se jurait de lui brûler les cheveux et de lui arracher les dents à mains nues. C'était son frère, son âme-soeur, personne ne le lui prendrait, encore moins cette sale blondasse qu'il avait ramassée on ne sait pas où. La jeune fille n'aurait pas dit qu'elle était jalouse, non, elle n'aimait pas cette fille voilà tout. Et elle aimait que son frère ne s'intéresse qu'à elle, être le centre de son attention, de son monde. Une flamme dansa au creux de son poignet tandis que la blonde embrassait son frère sur la bouche. Un rictus mauvais s'empara de ses lèvres. Okay, maintenant c'était son ennemie numéro un, elle allait la tuer. La jeune fille avait toujours été du genre à agir dans l'ombre, à planter un couteau dans le dos, à se venger lentement, sans que personne ne le sache. Elle referma doucement la porte. Sa vengeance serait terrible. 

La blonde s'en sortit avec la réputation souillée, tandis qu'Akita avait boudé son frère pendant plus de deux semaines, refusant carrément de lui parler. Elle se mit ensuite en couple avec le premier venu pour rendre son frère jaloux à son tour. Lorsqu'elle embrassa son petit ami devant lui, ce fut au tour du grand calme qu'était Ari de s'énerver. Le petit ami prit un coup de poing dans la mâchoire et ne s'en sortit pas sans de nombreuse brûlures un peu partout sur le corps.
Ari avait tenté par tous les moyens de faire céder sa soeur afin qu'elle lui reparle, il avait renvoyé la blonde chez elle, refusant d'être associé à elle plus que ça, d'autant que sa réputation avait été carrément souillée. Mais c'est cet épisode qui convainquit Akita de lui reparler comme si rien ne s'était passé. Elle se rendait bien compte qu'elle ne pouvait pas diriger la vie de son frère et qu'un jour il épouserait une autre qu'elle. Elle voulait simplement qu'il reste un peu plus son grand frère. Après cet épisode, Ari dû s'efforcer de se faire discret sur ses relations car Akita ne revit plus une seule de ses petites amies se montrer, ce qui la remplit d'une indicible satisfaction. C'est après cet épisode que la rébellion se forma. La révolte de la nation de l'air fut suivie de très près par des exécutions de masse, anéantissant la nation de l'air dans sa totalité. Révoltée du haut de ses quinze petites années, Akita se jura de mettre fin au massacre, c'est à partir de ce moment qu'elle se compta elle-même en temps que rebelle, contre la tyrannie meurtrière de la nation du feu, sa propre nation. Elle savait qu'Ari partageait son aversion pour le massacre qui se déroulait devant leur nez et que tout le monde semblait trouver normal et elle lui en parlait souvent. Elle se trouva pendant les deux années suivantes une vocation, elle voulait être ministre des relations inter-nations, elle pensait pouvoir faire bouger les choses non pas par la violence mais par la justice. C'est également pendant ses deux années que son cousin fut marié à une autre blondasse du feu, fille qui prendrait bientôt une place importante au sein de la famille Bitachoz. La nouvelle Bitachoz s'appelait Adara, c'était Ari qui avait été chargé de la chercher et lorsqu'il était revenu avec elle, Akita ne savait pas si elle aimait bien la fille ou si elle la haïssait de s'incruster dans sa famille comme ça. Dans tous les cas, Adara se fraya vite un chemin entre Ari, Akita et leur cousin et ils passèrent vite de trio à quatuor.

Les jambes de la jeune fille oscillaient d'avant en arrière tandis qu'elle était allongée sur le ventre dans la moquette du salon, son frère avait la tête sur son dos, étendu lui aussi contre le sol, en train de jouer avec le feu comme souvent. En face de celui-ci était assise la jolie blonde qui lui jetait des regards furtifs par moments, de l'autre côté du salon, le cousin qui lisait un livre, le visage fermé comme souvent depuis son mariage. La jeune fille finit son dessin et releva la tête.  Vous avez entendu ça ? La blonde ricana légèrement, l'air de se moquer de la fille qui croyait toujours entendre des bruits flippants. C'est alors qu'ils purent tous l'entendre, la rumeur des voix qui venait de loin mais qui courait tout de même jusqu'à eux, des cris, un vacarme qui devenait assourdissant au fur et à mesure qu'il s'approchait. Les quatre amis forcés se précipitèrent vers les fenêtre puis vers la porte. La ville entière s'était rassemblait et marchait ensemble, criant que l'Académie avait été reconstruite que c'était un miracle, que c'était merveilleux. Dans la foule, la jeune fille prit la main de son frère mais ils perdirent leurs cousins. Elle ne souriait pas, elle était pour tout dire au bord des larmes. Son frère le remarqua, comme il remarquait chaque chose à son propos, et l'attira dans une ruelle. Il vont me forcer à partir, à partir loin de toi. Ne les laisse pas faire, je t'en prie. Mais son frère ne pouvait rien y faire. Il ne pouvait rien faire. Juste regarder le désespoir au fond des yeux de sa petite soeur, sa petite protégée qu'il aimait plus que tout au monde. Il attrapa sa soeur par la nuque et l'attira à lui. Scellant de ses lèvres leur lien si spécial. Elle lui rendit son baiser fougueux, sans comprendre réellement l'impact de son geste. Elle finit par se détacher de lui, percutant enfin qu'ils étaient dans l'interdit, qu'elle n'était pas sure de ce qu'elle faisait, qu'elle ne savait pas ce qu'ils faisaient. Elle partit en courant pour faire ses bagages. Elle partirait le lendemain pour l'académie et ne reviendrait pas avant d'être maître du feu ou au moins de s'être éclairci les idées.

Akita se savait être particulièrement chanceuse de pouvoir étudier à l'académie, ne serait-ce que quelques années. Elle apprit vite et se mit au travail avec acharnement, toujours avec cette joie de vivre, cette extravagance caractéristique dont elle se parait. Elle se fit énormément d'amis, de par son ouverture d'esprit et sa gentillesse naturelle, elle arrivait à approcher les plus sauvages tout en faisant partie des élèves les plus populaires. Elle vécu de nombreuses expérience pendant les quelques années qu'elle passa à l'Académie, sexuelles d'une part, elle expérimenta les relations avec les deux sexes et en conclut qu'elle ne se contenterait pas d'une seule, se déclarant officiellement bisexuelle, et émotionnelles également, elle vécu quelques amourettes par-ci par-là, dût éconduire certaines personnes et par-dessus tout, ne cessait de penser à son frère. Adara passa également dans le lit d'Akita pendant leurs années à l'Académie bien qu'elles soient cousines par alliance mais ce ne fut que l'histoire d'une nuit, Akita n'avait toujours pas décidé des sentiments qu'elle nourrissait à l'égard de celle-ci, haine ou complicité, elles pouvaient passer du coq à l'âne en moins de cinq minutes.
Fraîchement sortie de l'Académie, la jolie fille du feu s'installe à Aleria, ayant réussit à décrocher un stage au département des relations inter-nations grâce au travail acharné qu'elle a mené pour pouvoir finir maître du feu, bien qu'en réalité son niveau soit plutôt moyen étant donné les années qu'elle a manquées. Elle compte revoir son frère mais attend le bon moment pour le faire, elle essaie d'ailleurs toujours de mettre de l'ordre dans ses idées.