Citation :

Dans le tintement des clés de métal, Perséphone ouvrit la porte de bois, qui pour la énième fois grinça au contact des mains de la jeune fille. Un grincement long, sonore, agaçant. Mais ce n'était rien. Rien comparé au reste.
D'un geste fluide, elle jeta ses clés sur la table la plus proche, comme elle le faisait chaque jour, écoutant machinalement les vibrations du métal au contact du bois, s'enfonçant dans les profondeurs de la terre. A chaque seconde, les vibrations s'éloignaient un peu plus de Perséphone, qui pourtant les entendait. Car elle entendait, ou plutôt sentait tout. Chaque secousse, chaque contact avec le sol, elle le sentait, jusqu'au plus profond de son être. Le monde était bruyant, si bruyant. Plus pour elle que pour n'importe qui.
Elle se laissa glisser contre la porte pour atterrir bruyamment au sol, le visage dans les mains. Elle pouvait sentir les vibrations des pas d'Elijah qui s'éloignait, comme tout le monde finissait par s'éloigner d'elle. Elle ne l'avait pas voulu, mais elle ne le voulait jamais vraiment. Elle était juste tout simplement incapable de garder qui que ce soit à ses côtés. Elle avait essayé cette fois-ci, sincèrement essayé de passer outre, d'oublier les gens qui couraient, les objets qui tombaient, seulement c'était trop dur. Trop dur pour elle. Encore une fois, elle avait perdu pied. Encore une fois, elle avait lâché prise. Encore une fois, elle avait éloigné quelqu'un.
Chaque fois que ses paupières se fermaient, elle voyait le regard effrayé, perdu d'Elijah, lorsqu'il vit la fille qu'il pensait connaître prendre un tout autre visage. Celui non pas de la reine des enfers, mais de leur prisonnière. Elle n'aurait jamais dû le laisser la voir ainsi. Voir son visage se tordre de douleur, sa bouche s'ouvrir pour pousser un cri déchirant, ses mains couvrir ses oreilles de ce bruit incessant, ce bruit du monde. A ce souvenir, son poing vint frapper le sol, provoquant de nouvelles vibrations. Taisez-vous, taisez-vous tous. C'était ce qu'elle avait hurlé, sous le regard d'Elijah. Ce regard, elle ne l'oublierait pas, elle le savait déjà. Comment l'oublier ? C'était celui-là même qui avait marqué la nouvelle perte d'un ami. Trop honteuse pour l'observer fuir la créature qu'elle était, elle avait fui la première, ne pouvant supporter ce regard. Car il lui faisait mal, si mal. Pourtant, elle savait qu'elle finirait par ne plus en souffrir, comme toutes les autres fois. Car il y en avait d'autres, et il y en aurait d'autres. Perséphone s'y savait condamnée. Elle n'avait pas le choix.
Soudain, une secousse vint perturber la tranquillité de la jeune fille. Cette même secousse si reconnaissable d'un lit heurtant le sol. Sa mère avait dû se réveiller, et entendre encore une fois le tapage extérieur. Par réflexe, Perséphone porta ses mains à ses oreilles. A raison, car quelques secondes plus tard un hurlement strident se fit entendre. Ce même qu'elle entendait si souvent. Taisez-vous. Taisez-vous tous. Chaque jour se répétait de la même façon. Se mêlaient à ces cris tant de vibrations, proches ou lointaines, tant de rires extérieurs, de disputes... C'en était trop. C'était injuste. Le monde ne l'épargnait pas, elle qui souffrait déjà assez. Pourquoi ne pouvait pas simplement se taire, même le temps d'une seconde ? Animée par la rage, elle se releva pour se heurter à la table, qui produit de nouvelles vibrations. Elle bouillonnait. Sans même qu'elle s'en rende compte, elle se mit à hurler à son tour, répondant aux cris de sa mère, lui intimant de se taire, à elle et au monde entier. Leur duel continua longtemps, jusqu'à ce qu'enfin leurs deux voix s'éteignent, et que Perséphone se laisse tomber au sol. Les larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle puisse rien y faire. Voilà donc ce qu'était sa vie. Elle aussi, un jour, finirait dans un lit la journée entière, dormant pour ne pas avoir à supporter le bruit du monde. Elle aussi, un jour, vivrait comme sa mère. Car elle était faible, trop faible, et elle le savait.
D'un revers de main, Perséphone essuya ses larmes, puis alla se verser de l'eau sur le visage. Sans un mot, elle reprit les clés qu'elle avait jetées sur la table et ouvrit la porte grinçante. Elle avait besoin de prendre l'air, de se rendre à un endroit calme. Plus aucune trace de sa souffrance ne figurait sur son visage. Elle affichait même un sourire. Car après tout, elle restait la digne reine des enfers.

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Dans la pénombre du logis blotti sous l'ombre d'une forêt léthargique, il émerge vibrant et haletant, des limbes d'un semblant de vie, de vécu, d'horreur, qui repassent à son crâne les images endommagées du virtuel. L'omniprésence d'un fait, quelque part, à l'autre bout d'un royaume lointain. En agitant ses mains contre la peau huileuse de son visage, il perçoit encore l'incandescence d'une peur prodigieuse, d'une impuissance éhontée devant le désastre, les flammes, l'enfer. Les esquisses ce qui eut été ou est à venir. Októ, incertain, s'extirpe du lit en boitant. La réalité a fait des frontières à son esprit enduré, des limites floues comme les dangereux coins d'une carte, sombrant dans l'inconnu et le mystère. Plus que des images, ce sont des impressions furtives, des sentiments de désastre et une peur matérialisée. A la sueur même qui coule de son front moite, il y appose l'apaisante vision d'une clairière endormie, du calme tranquille d'une matinée de printemps. Agata éveillée, s'agite sur son épaule et sans bruit, dans de petits picotements évocateurs, ressasse et digère, ce que lui-même sait sans se l'avouer. La pensée lui prend comme les bourrasques qui étendent l'automne aux sommets des monts d'Elioras.

Alors à s'en faire exploser les poumons, sur les chemins en pente qui menait au sommet de Kiuri, il courait. Au bord de l'épuisement, de la folie et de l'angoisse. Depuis que les bombardements avaient commencé à tomber sur l'Académie, en plein milieu du feu, du supplice et agité par l'inconnu du désastre, Októ s'était précipité aux portes de l'Académie. La débâcle des quatre tours échoués sur le plancher des hommes lui avait fait accélérer le pas, cerné par les combats et les bombes. La destruction, de ce qui avait été et n'était plus. De ces folies inavouées, provoquées par les leaders les plus sages et les plus respectés du monde moderne. Sa course, elle, est indifférente aux manœuvres militaires, aux expansions de territoires. Elle ignore les traités, les lois, les ordres. Elle prend sa source dans l'élémentaire et le simpliste, dans des sentiments nés de l'instinct depuis les débuts de l'humanité. L'amour. Dans ce qui l'agite et le porte et le transcende et l'absout, ce qui le rend, invisible et cruel aux yeux du quidam, parce qu'il a choisi, sûrement, sa famille à la patrie qui se meurt. Parce qu'il ne réfute pas, farouche, la portée toute égoïste de son geste.

"Agata, fais le tour!" La pie s'envole tant bien que mal entre les épais nuages de fumée. A deux, ils auront peut-être plus de chance, bien que la chance soit un concept plus que relatif devant l'ampleur de la catastrophe. Perdu dans des poussières fantasmagoriques qui s'élèvent autour de lui comme des palissades de malveillance, Októ s'élance comme un aveugle, à la recherche de déjà-vu et de détails, comme les miettes semées d'un conte pour enfants. Le reflet d'un marbre sous l'incendie, le croisement de couloirs en cœur même de la bâtisse. Enfin, au détour d'une arcade, le cœur d'Októ se fixe et s'enraille, lorsqu'il voit ce qu'il cherche, entre deux feux, prostrée contre la paroi d'une enclave. "HARRIET!" Petite Belinski grimaçante et atterrée, elle a les yeux fixes sur un autre gosse comme elle, qui agonise à plusieurs mètres de là. Il l'appelle encore : "HARRIET, VIENS." Elle le voit, elle l'entend, il le sait, mais son regard est obnubilé par la vision de ce corps en flamme, ce corps déchiré, ce corps d'enfant qui se meurt. "RAMÈNE-TOI." Hurle Októ pour la faire sortir de sa torpeur. Un pan de mur s'effondre pas très loin. Animé de panique, l'aîné Belinski traverse le tortueux espace qui le sépare de sa sœur. Lorsqu'enfin il y parvient, elle est tremblante et misérable. Il la prend dans ses bras doucement dans ses bras, cette gamine qui est comme un reflet, il l'apaise et il murmure : "Viens, ma brindille... C'est fini, viens..." Le bruit de ses sanglots contre son oreille couvre le sifflement des bombes.

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Cela faisait plus d’un an que Kael avait quitté la demeure familiale, et qu’il vagabondait au hasard de ses envies et des aléas de son voyage. Il n’avait aucun but précis et se cherchait d’une certaine manière. De nombreuses images étaient présentes dans son esprit, et tournoyaient sans qu’il puisse réellement les situer et les comprendre. Depuis l’enfance, le fils de l’air avait le don de prémonitions et avait vu des bribes de son avenir en touchant divers objets lui appartenant. Dès le réveil de son sixième sens, ses parents lui avaient fait promettre de ne jamais l’utiliser sur eux. Une promesse qu’il regrettait à présent. Plus jeune, ces « prémonitions » étaient aussi perturbantes qu’intéressantes et l’utilisateur avait beaucoup de mal à résister à l’envie de voir ce qui s’était produit ou ce qui allait se produire. Son manque de maître rendait ses découvertes surprenantes, et il y avait eu des choses qu’il aurait préféré ne pas voir. Tous ces souvenirs s’effacèrent rapidement, lorsque la voix d’une femme se fit entendre. Elle criait un prénom, et stoppait chaque personne l’approchant de trop près pour obtenir des informations. De ce que comprit le blond, cette femme avait perdu sa fille dans une ruelle et n’arrivait pas à la retrouver. Beaucoup l’ignorait ou la repoussait gentiment ave des mines déconfites. Kael prit alors la décision d’aider cette femme, bien qu’il n’avait aucune idée sur la méthode à utiliser et sur la manière de procéder. Il s’approcha de la femme et lui proposa son aide ; elle s’écroula alors partagée entre la crainte de perte de son enfant, et cette aide providentielle.

_ « Allons Madame. Calmez-vous, je suis sûr que nous allons la retrouver. » Il retira rapidement la main qu’il avait posé sur son épaule, car son tatouage de flèche venait d’apparaître. Sa précipitation lui fit toucher une petite écharpe, et il se stoppa quelques secondes avant d’ajouter. « Cela appartenait à votre fille n’est-ce pas ? »
_ « Oui… mais comment… » Répondit la femme.
_ « Pouvez-vous me conduire au dernier endroit où vous l’avez vu ? »

La femme hocha la tête et se leva marchant d’un pas hésitant et tremblant. En touchant la petite écharpe, Kael avait vu la petite fille en question juste au moment où elle l’avait perdu. Il connaissait donc la direction prise par la jeune enfant. Cette maladresse lui avait permis de trouver une idée pour chercher cette petite fille. C’était la première fois qu’il se servait de son don de cette manière, dans la mesure où il s’était contenté de l’utiliser pour jouer les indiscrets avec des amis et sa famille en de nombreuses occasions. Aujourd’hui, Kael comprenait certaines paroles de sa mère concernant son don et son utilité. Le fils de l’air avait conservé l’écharpe dans les mains, et continuait de visualiser quelques éléments du passé de ce morceau de tissu et son avenir… pour y trouver des pistes et des indices. Une voix vint troubler ses réflexions, et le sortit de sa petite bulle.

_ « C’était ici la dernière fois que je l’ai vu. »

Kael se contenta de hocher la tête, et commença à agir comme le ferait un pisteur. Cela lui permettait de dissimuler ses capacités, et de toucher tous les objets qu’il souhaitait. Sans même se retourner vers la mère toujours en panique, le blond se releva et marcha d’un pas déterminé et décidé dans une ruelle. Il s’arrêtait de temps en temps pour toucher un objet, un mur ou toute autre chose pouvant apporter un indice. Après quelques minutes, durant lesquelles la mère suivit cette étrange personne devenant de plus en plus sceptique au fil du temps, la petite fille fut retrouvée et tomba dans les bras de sa mère. Celle-ci était à genou serrant son enfant avec fermeté lorsqu’elle se retourna vers le jeune homme.

_ « Merci beaucoup. » Un simple sourire apparut sur le visage de Kael en guise de réponse, au moment où il s’adossa à un mur légèrement essoufflé et fortement épuisé. «  Vous allez bien ? »
_ « Oui… j’ai juste une faible constitution. »

Kael sourit à nouveau, et s’assit adosser au mur. Il s’imaginait difficilement expliquer à la mère qu’il avait usé de trop de pouvoir au cours des recherches. Niciannon se manifesta à ce moment-là, et sortit du sac à dos du voyageur. Elle avait fait la sieste tout du long, ou tout simplement pris la décision de ne pas se mêler de cette affaire. Son expression et son regard furent aussi explicites qu’un long discours de reproche, et fut suivi d’un simple haussement d’épaule du jeune homme.

_ « Comment vous remercier ? » reprit la mère.
_ « C’est inutile. Cela m’a fait plaisir. Tiens » Kael tendit son écharpe à la jeune fille, et ajouta. « Tâches de ne plus t’éloigner de ta mère à présent. » Il lui caressa le sommet du crâne.
_ « Merci Monsieur. » Et la petite fille lui fit une bise.
_ « Merci encore… Vous êtes sûr que je ne peux rien faire pour vous. »

Kael se releva, et secoua négativement la tête. Il s’étira et sourit avant de reprendre sa route en saluant de la main la mère et la fille. Le fils de l’air était satisfait de lui-même, et heureux d’avoir été utile. Son don prenait une toute autre dimension à présent, et lui offrait une perspective d’avenir. La fatigue était toujours présente. Le blond se tourna vers Niciannon et l’observa par-dessus son épaule.

_ « Je crois que j’ai trouvé ce que nous allons faire à partir de maintenant »

Kael avait pris la décision d’utiliser son don pour aider les autres, et de se montrer un peu utile. Cela lui permettrait d’avoir l’impression de faire quelque chose de bien et de juste, et d’oublier un peu les regrets qu’il ruminait depuis plus de douze mois. Niciannon ne répondit pas, et n’esquissa aucun mouvement en guise d’assentiment. C’est ainsi que le fils de l’air démarra un tout nouveau voyage, apportant son aide contre paiement cette fois pour aider les gens à retrouver des personnes ou des objets. Il se montra plus prudent dans l’utilisation de son don par la suite…

ce sera trois oui pour moi, également

Spoiler:

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Porter un nom aussi vilain que Léviathan a toujours été dur pour moi. On songerait à un personnage cruel, sévère alors qu'au lieu de cela, je suis sans doute l'une des personnes les plus douces qu'ils puissent exister. Pacifiste et chaleureux, un rien me suffit d'aller vers les autres pour les aider. Et ce, qu'importe même la nature de l'individu. Qu'il soit bon ou mauvais, que j'ai affaire à un être humain ou à un animal, je n'aime pas voir les autres souffrir. Quitte à ressentir la douleur des patients en retour, chose qui m'a quelque peu inquiété au départ mais qui ne m'a pas arrêté pour autant, favorisant même à un entraînement intensif pour améliorer mes capacités exceptionnelles. Oui, ce fut avec satisfaction que j'appris que l'eau pouvait guérir des blessures, qu'il ne servait donc pas seulement à en provoquer envers un quelconque ennemi. Causer des destructions que je juge foncièrement inutile. Ce don serait comme prouver que je ne suis pas mauvais, ou un annonciateur de chaos, bien au contraire. La guerre a eut tellement d'incidents sur moi - comme sur beaucoup de monde, j'imagine -. Mon plus grand souhait serait d'être une épaule sur laquelle on se soutiendrait, sauver des personnes au dépend de la mienne, redonner de l'espoir dans ce monde brisé... Sans pour autant chercher la reconnaissance de la part de qui que ce soit. C'est presque un besoin inexplicable, un engagement difficile mais que je serais prêt à surmonter.

je suis le docteur /SBAFF/  

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Devant moi, un corps. Il n'est pas inanimé et tente de lutter pour survivre en gardant un maximum les yeux ouverts. Je l'encourage à le faire, un mince sourire pendu à mes fines lèvres rosées tout en posant une main délicate dans sa chevelure d'un noir de jais. Je ne le connais pas et je ne sais d'ailleurs comment il a pu en arriver là. À se blesser aussi gravement... En effet, son bras mutilé baignant dans cette hémoglobine m'inquiète. Mais je ne perds pas courage et reprends doucement ma respiration au rythme de mes battements de cœur que j'essaye de contrôler au maximum. Rester calme, toujours. Voilà de quoi je dois faire preuve actuellement alors qu'en règle général, je reste une petite boule d'énergie. Au cours du temps, ce don m'a poussé à me détendre davantage afin d'être capable de faire de grandes choses. Mais je fais face à une nouvelle épreuve délicate. En essayant de me faire le plus discret quant à mon inquiétude, je pose mes prunelles bleutées sur mon daemon qui en fait autant. L'un comme l'autre, nous savions que cela pourrait nous avérer fatal. C'est la première fois que le mal est aussi grand, qu'il faut que je surmonte mes peurs et mon inconfiance ! Néanmoins, je savais que je me sentirais coupable si l'homme viendrait à mourir sans que je n'ai tenté quoique ce soit. Je prends alors une décision malgré le choix Cornélien et place doucement mes mains en direction de la coupure béante où dévale en cascade ce liquide si rouge. Je n'ai pas le choix de faire demi-tour, plus le temps passe et plus il me sera difficile de le sauver. Il faut que j'agisse, maintenant.

Un mouvement délicat, et l'eau pur provenant d'un seau vint alors se rapprocher avec douceur prêt de la déchirure de peau. On aurait presque dit un petit poisson curieux venant se rapprocher d'un être vivant pour y gober les petits microbes errant au prêt de l'épiderme. Mais si l'image pouvait sembler magique pour quelques passants qui y portaient une assez grande attention, ce n'était pas le cas pour ma petite personne qui commençait déjà à ressentir la douleur physique qu'avait pu ressentir l'homme. Un instant, je me balance pour essayer d'oublier le mal qui m'affecte, bien plus fort de ce que j'ai pu connaître. Je tente de me contrôler et pousse un gémissement aigu alors qu'une boule de sanglot vient de se bloquer dans le creux de ma gorge. Des larmes viennent alors se perler dans le creux de mes yeux pour rouler jusqu'au sol et par moment, certaines viennent aider cette boule d'eau qui se bat du mieux qu'elle peut pour sauver l'homme. Je plonge alors dans un silence pesant, paradoxale à ma figure peinée et rougit par les émotions. C'est dans ces moments que ma concentration est à son plus haut point malgré le supplice que j'éprouve... Et malgré la peine qui semble vaine lorsque je vois soudainement l'inconnu prendre une teinte aussi pâle que le paysage en plein blizzard et ses iris, disparaître et apparaître dans un papillonnement de paupières rapide.

A mes larmes viennent s'entremêler la sueur apparaissant furtivement sur mon front. Le travail paraît bien trop grand pour un guérisseur de ma condition. Je regrette quelque peu l'inutilité de mon action. Peut-être qu'au final, j'aurais dû laisser cette tâche importante à quelqu'un de plus expérimenté ? Bien que personne d'autre ne s'est porté volontaire et que j'ai fait uniquement cela dans l'espoir de le sauver, je me sens soudainement inutile, allant jusqu'à même lever la tête vers mon entourage en criant silencieusement les secours piètrement, portant mes yeux en direction des groupes d'individus, espérant patiemment que l'un d'eux songerait à se détacher de la populace, se rapprocher et user de leur don de leur guérison s'ils le possédaient. Mais je n'obtiens qu'une réponse inerte et des visages fixant le corps avec un intérêt malsain, ne valant pas mieux qu'un troupeau de vaches curieuses. Qu'attendaient-ils tous, bon sang !? Ne voyaient-ils pas que l'être en proie à l'agonie ne se relevait tout simplement pas malgré mes actions acharnées ? Sedna mon daemon, me symbolisant, s'agite d'ailleurs soudainement en ouvrant en grand la gueule en direction de la populace. Elle extériorise en quelque sorte l'énervement qui commence à monter doucement en moi et me rappelle presque à l'ordre, que si je voulais y parvenir, il fallait que je retrouve le calme. Nouvelle tentative donc, il ne fallait point que je me laisse de nouveau aller.

Affaire à suivre...