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Silence. Elle observe sans sourciller la belle petite blonde aux yeux si clairs, elle semble perdue dans les méandres de son esprit, rêveuse, mélancolique. C'est en tout cas ce que l'ont voit en général dans son regard si rieur, mais aujourd'hui, tout ça semble différent, incroyablement plus sombre, comme si elle laissait enfin voler de ses propres ailes ce papillon si ténébreux qui hante joyeusement son coeur depuis si longtemps. Sofia, la petite ingénue, souriante, sauvage, si peu dangereuse aux yeux des puissants de ce monde, elle est peut-être la fille de deux grands noms de la nation du feu, toutefois elle n'en demeure pas moins une innocente blondinette dont personne ne se méfie vraiment. On se moque de son manque de bonnes notes à l'académie, on rit de sa fainéantise, ou de son ambition somme toute assez relative, mais elle ne s'en soucie pas, tout du moins, la belle ne semble pas y réagir tout de suite, accumulant, jour après jour, une colère en elle, dans l'espoir de la faire exploser au bon moment. Telle une fleur, elle arrose cette graine de haine qui parsème son âme chaque jour, écoutant, observant, mémorisant les insultes et les mots des ennemies de son clan pour mieux les combattre au moment opportun, lorsque les siens en auront besoin.

C'est pour ça qu'elle est ici à cet instant, seule face à des dizaines de cibles d'entrainement, assis au sol, observant le ciel tout en caressant du bout des doigts l'herbe si chatoyante. Elle pense. Elle réfléchit. Comme elle le fait tout le temps. Trop souvent. Dans sa tête, danse les souvenirs des jours passés, des petites moqueries dont elle a été la victime, des remarques qu'elle a perçues au sujet de sa famille ou encore l'image de ses hommes politiques qui désirent ardemment mettre des bâtons dans les roues de ses parents, toutes ses petites choses dont elle semble se moquer sur le moment et qui pourtant restent gravées dans sa mémoire. À cet instant, ils reviennent à son esprit, entourés de flammes bleues de plus en plus intense, ses yeux deviennent à leur tour bleuté, elle ne ressent plus cette joie qui anime pourtant si brutalement son coeur de coutume, elle se sent presque perdue et pourtant équilibrée, étrangement équilibrée. C'est ce que lui apporte ce don, un équilibre, lui permettant d'enfin choisir entre la colère et la douceur, entre la joie et la tristesse, l'espace d'un instant, elle n'est plus perchée dans le vide, se balançant d'un côté ou d'un autre, elle choisit enfin et laisse cette rage si bien entretenue faire son oeuvre, la libérer. Il est si doux à son âme d'être en colère, comme si ses éclairs réchauffaient son corps l'entourant d'une aura protectrice qui lui clame que désormais elle n'aura plus à retenir ses coups, que désormais elle est libre de frapper ceux qui l'ont frappé, de punir ceux qui ont un jour tenté de faire tomber les siens. Libération. Excitation. Furie. Dans un mouvement ample de sa main un éclair jaillit pour venir exploser une cible de bois innocente, sa liberté est alors à son apogée, avant de s'estomper presque cruellement, trop rapidement, brutalement, laissant à nouveau toute colère se cacher derrière son sourire, un sourire sincère, certes, mais qui cache tellement.

Sofia se relève, bondissant presque, rieuse, ravis d'avoir une nouvelle fois contrôlé son don comme elle le souhaite, d'avoir ressenti ce bien-être, cette paix lorsqu'on trouve enfin l'harmonie que tout être humain recherche, elle en est devenue presque dépendante, surement est-ce pour ça qu'elle s'entraine tant en secret. Malheureusement, Balérion, son Daemon, lui, appréciait beaucoup moins, ayant reçu des éclats de bois en plein visage, comme souvent dans ses cas là. La Bernstein grimace face aux grognements de l'animal. "Pardon Balérion! Je maitrise parfaitement la trajectoire, mais j'ai parfois un peu de mal avec le dosage... On recommence!" À cette annonce l'animal s'éloigne laissant sa maitresse se coucher à nouveau au sol pour songer, pour réfléchir et catalyser ses souvenirs afin d'en faire l'arme qui détruira sans pitié les ennemies de sa famille ou qui, sans doute, éborgnera le pauvre Daemon... Il faut ce qu'il faut pour protéger sa famille, Sofia en a conscience, elle doit profiter de son don pour les siens, le faire grandir pour que plus jamais personne ne défie les Bernstein, ou tout du moins ses parents et sa fratrie. C'est pour eux qu'elle s'entraine depuis qu'elle a découvert sa différence si rare, la fainéantise ne semble pas la heurter lorsqu'il s'agit d’œuvrer pour le bien de son petit clan et aussi pour son propre bien-être. Peu de personnes s'en rendent compte, surtout pas leurs ennemies, mais elle est plus utile au sien qu'il n'y paraît, cachant sa détermination et sa colère derrière des sourires, prête à relâcher ses foudres sur ceux qui l'auront mérité. Aussi brulante que le feu, aussi sournoise qu'une tempête.

c'est deux oui pour moi

boum. boum. boum.
les battements de son cœur martelaient avec force ses tempes endolories, ses tympans sifflaient dans ses oreilles, ses paumes l’irradiaient plus qu’il n’aurait fallu. reprise de conscience. thaddeus battit machinalement des cils, ouvrit péniblement les yeux et se redressa lentement, découvrant d’une stupeur non dissimulée ce qui l’entourait. les flammes dansaient dans sa chambre, hurlaient, engloutissaient les meubles et dévoraient les murs desquels une suie grasse noirâtre s’écoulait pour se répandre au sol.
boum. boum. boum.
la gorge sèche, le cœur serré, la respiration saccadé, thaddeus parcourut les lieux de ses prunelles dilatées par la peur, et il fit violence à ses muscles tétanisés pour trouver refuge dans un coin de la pièce. "PAPA! MAMAN!" sa voix déchira l’air, et, tandis qu’il observait son élément vagabonder, détruire ce qui lui appartenait, il réalisa que le brasier n’était pas rouge, orange ou jaune. non. il était bleu. bleu. bleu comme ses yeux.
boum. boum. boum.
cette fois, ce n’était pas son palpitant qui tambourinait son crâne. il en était certain. c’était les portes de la demeure qui claquaient au passage tumultueux de ce qu’il supposait être les serviteurs de la famille, accompagnés, il l’espérait, de ses géniteurs qu’il avait appelés à l’aide. alors tout se passa à une vitesse folle. les sujets se précipitèrent pour éteindre l’incendie, il ne vit que son père à leur côté. on emmena le garçon en sécurité, dans le grand salon, où sa mère l’attendait, les iris froides, les traits tirés, le visage fermé. comme d’habitude. thaddeus s’installa en face d’elle, honteux, ses opales rivées au sol, laissant un silence pesant des tonnes s’installer entre eux. c’est elle, au final, qui leva le voile, le ton emprunt d’un mépris qui, quelque part, pinça son fils douloureusement. "tu ne sais vraiment pas te tenir. c’est déplorable." l’enfant resta immobile, interdit, déglutit discrètement. il trouvait ça injuste, dans le fond, d’être accusé d’un accident dont les circonstances étaient floues dans son esprit, mais il n’avait pas, il n’avait plus la force d’affronter l’expression réprobatrice qu’arborait moïra à son égard la majeure partie du temps. "j’aurais dû me douter que tu allais être comme ça, après ce que tu as fait." thaddeus releva instinctivement la tête vers sa maman, croisant son regard par mégarde. hésitant il articula doucement mais sèchement : "pardonnez, mère ?" un rire nerveux glissa d’entre les lèvres de l’intéressée, et un sourire mélancolique assombrit la pâleur de sa figure impérieuse. "c’est vrai. tu ne t’en rappelles pas. tu as tué ton frère, à ta manière." thaddeus eut un sursaut, un frisson désagréable traversant son échine. tué ? tué son frère ? il n’y avait que murtagh, n’est-ce pas, et, de ce qu’il savait, il était encore bien portant. il sembla qu’elle décryptât les pensées de son fils, ou, lisant plutôt dans son regard baigner l’incompréhension, elle reprit. "il n’y avait pas que toi, seulement, tu as dû croire que si. amadeus n’a pas survécu à sa naissance, démuni d’énergie, de force, de vie. parce que tu lui as tout volé. là." ce sur quoi elle tapota son ventre.
boum. boum. BOUM.
les mots tranchants comme des couteaux lui firent l’effet d’une bombe en pleine déflagration, s'insinuèrent en lui comme un mauvais virus, le secouèrent de l’intérieur si fort qu’ils disloquèrent sur l'instant son coeur sans la moindre vergogne. il sentit ses mains s’agripper désespérément au canapé, brûlantes, accès d’émotions incontrôlées qui n’échappa pas à la dame bernstein. "tu vois, thaddeus. tout chez toi est destruction." c’était donc ça. cette rancœur inexpliquée qu’elle lui témoignait chaque jour, elle venait de là. après tout, c'est légitime. il avait consumé un jumeau, l’indigne fruit de ses entrailles, et elle semblait presque satisfaite, satisfaite que celui qu’elle surnommait en secret le survivant lui donnât ainsi raison. le jeune apprenti joignit ses mains devant lui, tremblant, dans l’une desquelles une flamme bleue s’épanouissait, virevoltait comme pour le narguer. la poitrine saignante, l’estomac au bord des lèvres, il tenta de la dissiper, vainement, quand soudain, le patriarche fit irruption et capta toute l’attention de son aura écrasante. "thaddeus." les larmes noyèrent les prunelles céruléennes de l’enfant, qui dévoila ses mains dévastatrices et les tendit vers l’homme, désireux de les éloigner de lui. "je ne veux pas de ce feu, père, je n’en veux pas… " rohan fit quelques pas vers lui et lui empoigna violemment le poignet. la surprise et la force employée étouffèrent les flammes au creux de leur foyer, comme craintives face au grand héritier du pouvoir. "cesse de te lamenter. suis moi."
dehors, la brise effleurait son visage d’une caresse de fraicheur, se frayait un chemin entre ses cheveux d’or. mais rien ne parvenait à apaiser le petit prince des flammes. rien ne parvenait à panser les maux de sa conscience. tu as tué ton frère, à ta façon. "il faut que tu te ressaisisses, mon fils." la voix solennelle de rohan arracha thaddeus des limbes de ses songes. ses pupilles ternies par la peine s’orientèrent vers lui, intrigué mais inconsolable. "c’est grâce au sacrifice d’amadeus que tu es si fort aujourd’hui, thaddeus. tu dois honorer la mémoire de ton frère en considérant à sa juste valeur ce cadeau qu’il t’a légué. dans ce feu, c’est son âme qui rougeoie. ne le tue pas une seconde fois." était-ce vrai ? était-ce encore un pieu mensonge de la part de son propre père afin que sa chair ne se détourne pas du chemin de la puissance ? thaddeus savait, il savait que la pitié n’avait pas sa place parmi ceux de leur sang, que les boniments régnaient d’une poigne de fer au sein de cette harmonie factice qui enveloppait son nom. mais il préféra croire en la version qu’on lui présentât. c’était plus facile. parce que c’était la seule façon pour lui de créer un lien, aussi maigre soit-il, avec celui dont il avait dérobé l'existence. parce que c’était la seule façon pour lui, aussi, de soulager ses épaules accablées par la culpabilité. désormais, il vivrait pour deux, à travers son feu bleu, dans l’espoir, également, de voir briller enfin une lueur de fierté au fond des yeux de moïra. silencieux, thaddeus regardait la flamme balbutiante sur laquelle il ouvrait et refermait les doigts d’un geste mécanique, la laissait respirer pour mieux l'asphyxier ensuite, allégorie du méfait qu’il avait réellement commis jadis. brusquement, la gerbe chaude prit une ampleur inopinée, comme pour le réprimander, annihilant le contrôle qu’il exerçait sur elle. on se calme. le garçon eut un bref mouvement de recul, reprit toutefois la main sur son pouvoir assez rapidement, son aïeul le supervisant d’une œillade ferme, stricte, mais teinte d’un certain contentement. très bien, amadeus. à présent, c’est toi et moi.

RP test:

ce sont des oui pour moi

c'est oui pour moi

Spoiler:

Spoiler:

Alexis Livanov a écrit:

Je vous dis oui à tous les deux ! j'adore vos plumes, d'ailleurs